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 Interview d'Ofelia Garcia

http://ofeliagarciadotorg.files.wordpress.com/2011/02/garcia-pic.jpg Ofelia Garcia Interviewé par Jeremy Sanders Jeremy Sanders Maître de langue étrangère au CAREL

Lundi 5 mai 2014

 D’où venez-vous et quel est votre poste ? Je suis professeure des universités à l’Université de la Ville de New York (CUNY) dans le Graduate Centre, c’est à dire le département des études doctorales. Je travaille en face de l’Empire State Building. Je fais de la recherche  sur le multilinguisme dans les écoles. J’ai également enseigné à Columbia University et au début de ma carrière j’ai été professeure des écoles dans l’enseignement public de New York. Je suis new-yorkaise, je suis arrivée à New York avec ma famille quand j’avais 11 ans. Nous venions de Cuba.

Quand est-ce que vous avez commencé à travailler dans le domaine de l’éducation multilingue ? Quand j’ai commencé à enseigner j’étais professeur d’anglais langue étrangère. La plupart des élèves de ma classe étaient hispanophones. Je parle l’espagnol et cela ne faisait aucun sens pour moi de leur parler exclusivement en anglais. J’ai fait des essais avec ma classe pour voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. Heureusement, je travaillais dans une école alternative où l’administration a encouragé mes expérimentations. Cette école se trouvait dans le quartier de « Hell’s Kitchen » (la cuisine de l’enfer) qui est devenu aujourd’hui un beau quartier  alors que ce n’était pas le cas quand j’y ai enseigné. Pensez aux scènes du film « West Side Story » et vous pourrez imaginer ce quartier autrefois et pourquoi il  portait bien son nom.

Pourquoi avez-vous rejoint le monde universitaire alors que vous étiez professeure des écoles ? J’ai toujours voulu faire un travail stimulant qui soit un véritable défi intellectuel pour moi. J’ai d’abord suivi des cours de littérature et ensuite je me suis mise à la linguistique. Quand je faisais ma thèse il n’existait aucun cours universitaire dans mon domaine de recherche (le bilinguisme et le multilinguisme) alors j’ai dû suivre les cours existants et développer mes théories en utilisant des idées venant de différentes disciplines. J’ai fait une recherche postdoctorale avec Joshua Fishman dans le domaine de la sociologie des langues. Cela a marqué mon parcours universitaire de façon décisive.

Comment est-ce que votre expérience en tant que  professeure des écoles a influencé votre recherche ? J’ai commencé ma carrière  en tant qu’enseignante et cela reste et a toujours été un aspect important de mon identité. Je ne fais pas de la recherche pour que mes idées restent dans ma tête. Je tiens  à ce que mes recherches aient une dimension sociale et je pense que les chercheurs doivent s’impliquer socialement. Je voudrais que mes recherches aident à comprendre comment on apprend.

Ce n’est pas votre première collaboration avec l’ESPE de l’Université de Strasbourg. Pourquoi aimez-vous travailler ici ? C’est toujours une expérience merveilleuse. Et cela a un impact très fort pour nous tous, étudiants,  futurs enseignants, chercheurs et moi-même. Le fait d’être présente à Strasbourg me fait découvrir l’érudition française et la recherche actuelle qui a lieu au sein de l’Université de Strasbourg. La collaboration scientifique avec Christine Hélot et Andrea Young m’ouvre davantage à leurs recherches sur le multilinguisme dans l’école française. C’est très stimulant, cela m’offre un nouveau point de vue et me fait découvrir un ensemble de recherches et de méthodes de travail développé dans un contexte européen plurilingue et pluriculturel très riche  d’enseignements.

Qu’est-ce qui vous frappe le plus quand vous venez à Strasbourg ? Le Centre d'Apprentissages et de Ressources pour une Education aux langues (CAREL) de l’Ecole supérieure du professorat et de l'éducation Académie de Strasbourg (ESPE) me rappelle à chaque fois combien c’est un centre tout à fait spécial. C’est un des seuls centres de langues que je connaisse où l’on peut voir vivre plusieurs langues en même temps : les affiches multilingues, la langue du mois et les photos des différentes cultures sont géniales. J’ai aussi remarqué au niveau de la recherche doctorale, plus de cohésion parmi les doctorants qui travaillent avec Christine Hélot et Andrea Young sur les questions de multilinguisme. C’est un groupe réellement international où les jeunes chercheurs se soutiennent beaucoup entre-eux/elles. Ma collaboration avec Christine et Andrea s’est beaucoup développée depuis ma première rencontre avec Christine Hélot lors d’une conférence en Argentine. De plus, plusieurs de ses étudiantes sont venues faire de la recherche dans les écoles bilingues de New-York et j’apprécie beaucoup notre partenariat.

Quelles leçons pourrait-on tirer de vos recherches en Alsace ? En Alsace, comme à New-York, l’éducation bilingue fonctionne dans un cadre rigide et statique. L’enseignement bilingue est trop compartimenté et ne prend pas en compte la totalité des capacités linguistiques de l’enfant. Je crois que dans nos deux espaces nous pourrions développer une vision plus large et plus complexe sur le bilinguisme. Mais Il faut faire partie du système éducatif pour pouvoir voir ce qu’il est nécessaire de changer. Durant ce mois de professeure invitée, je vais rencontrer et conseiller des étudiants, des jeunes chercheurs et des enseignants, je vais donner plusieurs conférences, et visiter des écoles pour mieux comprendre les réalités du terrain scolaire alsacien. Ce sera un mois très riche et tout à fait fascinant !

Finalement, vous venez d’arriver au moment où il commence à faire un beau temps printanier. Qu’est-ce que vous espérez visiter pendant votre séjour comme professeure invitée ? J’espère vraiment pouvoir retourner au Musée Unterlinden pour voir le Retable d’Issenheim. La dernière fois que j’étais en Alsace l’exposition était fermée, je n’ai donc pas pu le voir! La Cathédrale de Strasbourg illuminée la nuit reste pour moi un spectacle incroyable. Strasbourg est une ville féerique. J’adore pouvoir me promener  à pied partout. Se déplacer d’un coté de la ville à l’autre ne prend pas des heures comme à New-York. J’aime bien pouvoir partir de chez moi un quart d’heure avant une réunion au lieu de devoir faire des plans longtemps à l’avance comme dans n’importe quelle grande métropole.

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Mis à jour le 13.05.2014